Bâtir son architecture managériale
- Gabriel Bardinet

- 23 sept.
- 4 min de lecture
On parle souvent de style managérial. Comme s’il s’agissait d’un costume que l’on enfile, d’un ensemble de techniques ou de postures que l’on choisit et applique.
C’est pourquoi il est plus juste de parler d’architecture managériale : une construction vivante, faite de cadres, de piliers et de tensions, qui reflète autant l’environnement du manager que sa vocation.
Parce que manager ne se résume pas à empiler des “bonnes pratiques” ou recopier des recettes toutes faites. C’est bâtir, avec le temps et l'expérience, une structure unique, personnelle, qui résiste aux secousses, et qui reflète la vocation professionnelle de celui qui la construit.

Un environnement qui façonne l’architecture
On ne bâtit jamais son architecture managériale dans le vide. Elle s’inscrit toujours dans un environnement, un système qui la dépasse : l’organisation et la culture dans lesquelles on exerce son rôle.
Ce cadre, on ne le choisit jamais totalement, mais on ne le subit pas non plus complètement. On choisit son employeur, son secteur, son projet d'entreprise. On le fait avec les informations disponibles, avec ce qu’on capte et interprète de l’extérieur. Mais une fois à l’intérieur, on découvre les règles explicites mais aussi les implicites, les forces visibles et les logiques souterraines.
Il y a les procédures, les organigrammes, les indicateurs. Et il y a les habitudes, les valeurs affichées, les rites informels, les non-dits, les paradoxes, les injonctions contradictoires.
Parfois ce cadre soutient : il rassure, il donne une direction, il fixe des repères. Mais parfois il contraint : il enferme, il brouille les signaux, il freine les initiatives. Le plus souvent, il fait les deux en même temps — et c’est ce mélange qui façonne le terrain réel de l’action.
C’est à l’intérieur de ce cadre (Organisationnel et culturel), avec ses forces et ses limites, que chacun construit son architecture managériale.
un cadre organisationnel, qui définit les rôles, les règles et les structures. C’est ce qui permet de savoir “qui fait quoi” et “comment ça marche” ;
un cadre culturel, fait de valeurs partagées, de rites, d’habitudes et de façons de travailler ensemble. C’est lui qui donne une couleur, une atmosphère, une cohérence aux pratiques.
On ne choisit pas toujours les règles du jeu, mais on choisit comment on les habite.
Quatre piliers pour tenir l’ensemble
Dans cette architecture, le manager agit à travers quatre piliers essentiels :
Orienter : donner un cap, tracer une direction, proposer un avenir commun qui guide les décisions au quotidien. Sans vision partagée, l’action se disperse et l’énergie s’épuise.
Organiser : créer un cadre clair, répartir les rôles, fixer les règles du jeu. L’organisation n’est pas un carcan, c’est une ossature : elle permet à chacun de savoir où se situer et comment contribuer.
Orchestrer : faire travailler ensemble des individualités différentes, assembler des contributions hétérogènes pour qu’elles produisent une œuvre collective. C’est ce qui transforme une somme d’efforts isolés en dynamique d’équipe.
Optimiser : ajuster, corriger, chercher sans cesse à améliorer. Non pas pour imposer la perfection, mais pour cultiver un mouvement continu qui fait progresser les pratiques et libère des marges de manœuvre.
Quand ces quatre piliers s’équilibrent, l’édifice managérial est solide, vivant et durable. Quand l’un d’eux s’affaiblit, ce n’est pas seulement une fragilité ponctuelle : c’est toute l’architecture qui vacille, et parfois s’effondre.
Quand l’équilibre est mis à l’épreuve
Mais une architecture managériale n’est jamais figée. Elle est soumise à des tensions permanentes : contraintes organisationnelles, transformations rapides, pressions internes ou externes, émotions, habitudes, paradoxes…
Ces éléments, ces déviateurs, perturbent ou fragilisent la pratique managériale. Ils créent des fissures dans la construction, déplacent les équilibres, mettent les repères à l’épreuve.
Les déviateurs ne sont donc pas uniquement des menaces. Ils peuvent devenir des révélateurs : ils obligent à réinventer des pratiques, à chercher de nouveaux appuis, à consolider certains piliers. Ils rappellent surtout que le management n’est pas une mécanique tranquille, mais une architecture vivante, toujours confrontée au réel.

Face aux déviateurs existent aussi des stabilisateurs : des appuis, des ressources, des repères qui permettent de maintenir l’équilibre et d’absorber les secousses. Mais le plus solide des stabilisateurs n’est pas une règle ou un outil : c’est la vocation professionnelle du manager.
C’est cette vocation qui donne sens et cohérence à l’ensemble. Sans elle, l’architecture devient un carcan. Avec elle, elle devient un socle vivant, capable de soutenir un collectif et de le faire grandir.
Penser le management comme une architecture change le regard. Il ne s’agit plus d’empiler des outils ou de répéter des recettes, mais de bâtir une structure vivante, faite de cadres, de piliers, de tensions et de stabilisateurs. Une structure unique à chaque manager, qui reflète autant son environnement que sa vocation. C’est là que réside la force du management authentique : dans la capacité à construire quelque chose de solide et de singulier, qui tienne debout dans la durée et fasse grandir ceux qui y prennent place.
Et vous, votre architecture managériale… est-elle solide ? fissurée ? ou encore en train de se bâtir ?
Pour aller plus loin, le Canvas Management de la Fabryk est proposé ci-dessous : un outil simple et visuel pour explorer vos propres piliers, vos cadres et vos déviateurs.



